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Nous avançons.
Nous ne savons pas [[où]] nous allons, et nous pensons aller [[nulle part]].
Et c'est effectivement là que nous allons.
Déplacements quotidiens lourds de sens.
Le poids des objets nous écrase moins que celui des souvenirs.
Nous marchons toujours, nous cherchons encore.
Le silence est [[bavard]], nous sommes [[sourds]].
Je n'oublie rien.
Dans les tranchées où nous nous croyons protégés, on nous a capturés,
puis transportés là où les [[certitudes]] tuent.
On nous a interrogés, nous nous sommes [[tus]].
Le noir.
Les tranchées semblaient maintenant si conviviales.
Naïfs.
Capturés, arrogants et terrifiés.
Nous étions [[six]] muets féroces.
Je suis revenu [[seul]].
Le silence est bavard.
Mais nous ne parlions pas, têtus et fiers.
Lorsqu'il ne fut plus possible de calculer le temps passé à nous taire, on nous a transportés, on nous a [[alignés]].
Je me rappelle.
À ce moment, nous n'entendions rien.
Il ne se passait rien, et ce, depuis plusieurs jours.
Confiants, nos armes déposées, nous attendions le [[messager]].
Bruissement des feuilles dans le vent; je frémis.
On marche derrière moi; je me retourne, constamment aux aguets, comme j'aurais dû l'être à mes vingt ans dans les tranchées.
Il est trop tard maintenant.
Mais je garde encore espoir de sauver ceux que j'ai [[perdus]].
La [[culpabilité]] m'a suivit hors des tranchées.
Puis, les ordres ne nous sont plus venus des mêmes autorités.
***
Il ne se passe toujours rien, et je n'entends rien, depuis plusieurs jours, depuis plusieurs années.
Je guette encore, éperdument, le [[silence->bang]] m'alerte depuis ce temps.
***Vingt ans.
Les années passent, ma peau [[s'étire->Je suis toujours là]].
Il n'y a pas de [[raison->revenus]].
Il n'y a pas de choix à faire.
La naissance.
La mort.
Je suis vivant.
Mais je me suis [[éteint->bang]] avec vous.
On avait tous une raison.
On avait tous mordu à l'hameçon.
De camaraderie en Camarde, notre bataillon n'est maintenant qu'un tatouage sur mon bras.
Le [[pain quotidien->bang]], l'épicerie.
Les lever de soleil.
À présent,
Les murs m'effraient.
Barricades mortelles.
Gabarits de droiture.
Ils sont tombés, perpendiculaires.
Angles droits, [[parfaits->bang]].
Je me souviens d'eux.
Les jeunes hommes se ressemblent tous un peu, et je crois parfois apercevoir les visages de mes amis disparus parmi ceux qui me saluent sur la rue.
Arrivé à un âge dit respectable, je ne ne m'éloigne pas, ne me hiérarchise pas.
Pourtant, ils sont aux petits soins, comme avec leur grand-père.
Ma vie s'est arrêtée là, à [[vingt ans->perdus]].
Comme je voudrais boire et chanter avec eux, au fond d'un trou.
[[Avant qu'ils ne tombent tous->Je suis toujours là]].
Avant qu'ils ne se soumettent tous, qu'ils ne s'enrôlent tous.
Aujourd'hui encore.
Je les entends toujours.
À chaque pas que je fais, mon poids s'amortit sur le sol.
Le son de la chute de leur corps me revient.
[[Boum.->1]]
[[Boum.->2]]
[[Boum.->3]]
[[Boum.->4]]
[[Boum.->5]]
...
Gilbert.
[[27 ans.->Je suis toujours là]]
Pascal.
[[32 ans.->Je suis toujours là]]
Jeannot.
[[18 ans.->Je suis toujours là]]Joseph. [[19 ans.->Je suis toujours là]]Paul. [[26 ans.->Je suis toujours là]]
Il leur a manqué de balles.
Au lieu de trouver une autre manière de m'achever, ils m'ont [[gardé en vie->revenus]].
Puis on m'a retrouvé, on m'a ramené parmi les miens, on les a tous assassinés.
Je suis toujours là.
Le pays, la patrie et toutes les autres conneries.
Nous l'avons bien appris à nous tenir droit, à répondre à la loi, à ne pas bouger le petit doigt.
Nous avons repassé nos chemises, brossé nos cheveux, rasé nos barbes.
Nous sommes allés, ne sommes pas tous [[revenus->hell yeah]].