Alors que vous quittez la place des pavillons, vous songez une dernière fois à la place du mobilier dans cet espace. Si l'aménagement de la bibliothèque peut pousser à des usages, comme il vous a poussé à plusieurs reprises à vous asseoir pour travailler votre texte, il ne fait pas tout ; et les établissements voient ainsi se développer des usages inédits, en l'occurrence tolérés. Comment, vous demandez-vous alors que vous passez devant les terrains vagues supposés abriter la nouvelle bibliothèque, celle-ci prendra-t-elle en compte la variété de son public, dans l'aménagement de ses futurs espaces ? Assurément, autrement que les séries de chaises vides de la pièce de Ionesco...\n\n\n[[Bibliographie|Bibliographie]]
<<if $Chbas2 neq 1>>À votre droite se dressent des étagères où sont installés les ouvrages dédiés au public adolescent. Face à vous, au sol, de petits meubles contiennent les albums pour enfants, au côté desquels se trouvent de petites chaises destinées aux plus jeunes. Ces chaises sont évidemment inadaptées à votre taille. Néanmoins, la section jeunesse est vide à l'heure actuelle : nous sommes vendredi après-midi, et l'établissement est dépourvu d'enfants. Vous espérez trouver ici le calme qui semble manquer du reste de l'établissement.\nDe manière surprenante, vous parvenez à vous asseoir confortablement sur les chaises. La place laissée à vos jambes est restreinte, mais vous parvenez à vous concentrer sur votre texte, et à faire abstraction du monde extérieur. [[Vous êtes vraisemblablement dans le seul espace vide de la bibliothèque.|Chbas2b]]\n<<else>>Toutes les chaises sont maintenant prises par des adolescents, et vous ne pouvez pas vous asseoir.\n[[Vous revenez en arrière.|EscalierBas]]<<endif>>
<<set $Chbas2 = 1>>Tout à coup, un groupe d'adolescents fait irruption dans la section jeunesse de la bibliothèque. Vraisemblablement habitués aux lieux, ils s'emparent de plusieurs chaises pour enfants et les disposent en cercle, au centre de l'espace. Se forme alors une sorte de petit salon privé, où les adolescents se mettent à discuter, prennent leurs aises, se réapproprient réellement cet espace jeunesse, certes déserté de ses enfants.\nVous êtes assez étonné par la manière dont ce groupe d'adolescents s'approprie véritablement l'espace, par le biais du mobilier. En règle générale, les chaises et les tables tiennent davantage, dans la bibliothèque, de l'immobilier, d'éléments, à l'image des étagères, qui ne sont pas destinés à être déplacés, qui sont supposés rester sur place pour conditionner des usages, clairement délimités. Ici, déplaçant quelques chaises dans l'espace, les adolescents reconfigurent celui-ci, pour le transformer en un lieu plus apte à la conversation, sans particulièrement gêner les bibliothécaires, eu égard au peu de personnes fréquentant le sous-sol de l'établissement.\n<<set $Chaises = $Chaises + 1>>\n\n<<if $Chaises eq 4>><<display 'EndMessage'>>\n<<else>>Lassé par les conversations, vous quittez votre place.\n[[Vous vous dirigez vers les ouvrages documentaires.|Chbas1a]]\n[[Vous avisez l'escalier pour revenir au rez-de-chaussée.|EscalierHaut2]]<<endif>>
À l'intérieur de la bibliothèque, l'air est chaud et moite. Le bâtiment est très petit, et ne semble pas très adapté pour y déposer des ouvrages. Vous apprendrez plus tard que la bibliothèque se trouve dans un bâtiment provisoire depuis février 1988 : le déménagement devait se faire au bout de trois ans, mais a été incessamment repoussé, jusqu'à 2016 où son installation dans un nouveau bâtiment situé non loin de là est prévue.\nVous vous éloignez de la banque d'accueil, où plusieurs personnes empruntent des documents, pour vous diriger vers votre droite, là où se trouvent les étagères d'ouvrages : les fictions, livres de sciences humaines et DVDs sont autour de vous.\n\n[[Vous vous enfoncez dans les rayons de sciences humaines, à votre gauche.|Chhaut1a]]\n[[Vous vous dirigez vers la presse quotidienne, en face de vous.|Chhaut2a]]\n[[Vous descendez les escaliers situés à votre droite.|EscalierBas]]
Vous jouez dans <em>Les Chaises</em> : une réflexion sur le mobilier de la bibliothèque de Gerland
Ne parvenant pas à trouver de place convenable pour apprendre votre texte, vous décidez de quitter la bibliothèque, et vous dirigez [[vers la sortie|Conclusion1]].
Bibliographie :\n\nFabien Fournier, "Gerland post-2020: plus de vie grâce aux ponts sur le Rhône ?". Article sur www.lyoncapitale.fr, 27 février 2013, en ligne : http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Actualite/Dossiers/Grands-Projets/Gerland-post-2020-plus-de-vie-grace-aux-ponts-sur-le-Rhone\n\nCarole Gasnier, <em>Penser le mobilier en bibliothèque</em>. Mémoire d'étude DCB, 2014, en ligne : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/64147-penser-le-mobilier-en-bibliotheque.pdf\n\nEugène Ionesco, <em>Les chaises</em>. 1952.\n\nCéline Leclaire, <em>Posture, geste, mouvement. L'usager dans la bibliothèque publique : du corps raisonné au corps inspiré</em>. Mémoire d'étude DCB, 2009, en ligne : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/48201-posture-geste-mouvement-l-usager-dans-la-bibliotheque-publique-du-corps-raisonne-au-corps-inspire.pdf\n\nNous remercions les bibliothécaires de la bibliothèque Gerland pour leurs réponses à nos questions.
<<if $Chbas1 neq 1>>Entre les étagères d'ouvrages scientifiques se dresse une petite table en bois, entourée de quatre chaises : y sont assises deux adolescentes, qui préparent un exposé sur – vous les entendez poser des questions à une bibliothécaire – les maladies cardio-vasculaires. Derrière les étagères, une seconde table est encore libre – au lieu des simples chaises en bois du premier espace se trouvent toutefois ici des chaises à motifs, aux dossiers en forme de nuage ou de soleil.\nLes chaises sont très inconfortables et franchement ridicules. Néanmoins, vous décidez de laisser de côté votre confort et votre honneur pour vous concentrer sur votre travail. La table, droite et carrée, invite au travail en groupe, en maintenant une position assez malaisée pour vous pousser à vous concentrer sur votre tâche. C'est néanmoins seul que vous apprendrez votre texte, [[tandis qu'autour de vous bruissent les conversations des lecteurs.|Chbas1b]]\n<<else>>Vous ne pouvez pas travailler ici à cause du bruit ambiant.\n[[Vous revenez en arrière.|EscalierBas]]<<endif>>
Vous gravissez les marches.\n[[En face de vous, les rayons de sciences humaines.|Chhaut1a]]\n[[Les présentoirs de presse quotidienne se dressent à votre droite.|Chhaut2a]]\n[[Vous préférez redescendre en bas.|EscalierBas]]
Vous faites face à l'escalier.\n[[Vous dévalez les marches de celui-ci.|EscalierBas]]\n[[Vous vous retournez pour aller vers les rayons de sciences humaines.|Chhaut1a]]\n[[Vous vous dirigez vers les présentoirs de presse quotidienne, sur votre gauche.|Chhaut2a]]
<<set $Chbas1 = 1>>Assis sur cette chaise, dans cette position renvoyant directement à celle du travail, vous êtes surpris par l'importance des bavardages que vous entendez. Le groupe constituant l'autre table ne devrait-il pas être en train de travailler à l'heure actuelle ?\nRéfléchissant à la question, <em>Les chaises</em> ouvert devant vous, vous songez que l'usage que ces adolescents ont de leur espace de travail est différente de la vôtre – par extension, leur perception de ces espaces est différente. Là où table et chaise vous incitent à vous concentrer sur votre travail, le mobilier offre à d'autres groupes la possibilité, avant tout, de se réunir. La table carrée de petite taille permet le travail en petits groupes, invitant par là à transcender ces usages pour discuter, pour échanger, au-delà de l'exposé de sciences à préparer. Les interprétations du mobilier, bien que suggérées, restent ici ouvertes, d'autant plus que les adolescents se déplacent autour des tables et des chaises, ne restent pas immobiles.\n<<set $Chaises = $Chaises + 1>>\n\n<<if $Chaises eq 4>><<display 'EndMessage'>>\n<<else>>Lorsqu'un autre groupe de lycéens apparaît au bas des escaliers,vous décidez de leur laisser votre place, et quittez la chaise où vous êtes installé.\n[[Vous traversez le groupe d'adolescents pour monter à l'étage.|EscalierHaut2]]\n[[Vous décidez de jeter un œil à la section jeunesse, derrière vous.|Chbas2a]]<<endif>>
<<if $Chhaut2 neq 1>>\nDevant vous se trouve une grande table blanche, de forme ovale, entourée de six chaises monocoques, à l'air assez confortable. Tout autour de la table, plusieurs étagères avec présentoirs mettent en avant des titres de presse quotidienne, mais également magazine. Trois personnes âgées, lisant différents titres de presse, sont assises autour de la table, leurs journaux dépliés dessus. Vous avisez une chaise restée libre, et vous vous y asseyez.\nLa chaise est bel et bien confortable. La place sous la table étant assez large, vous allongez vos jambes et vous étirez quelques secondes, avant de vous asseoir droit à votre place, <em>Les chaises</em> devant vous. Le maintien de votre dos assuré par la présence de la table, [[vous reprenez votre lecture.|Chhaut2b]]\n<<else>>Toute la table est maintenant occupée par des journaux, et vous ne pouvez plus vous installer.\n[[Vous revenez en arrière.|EscalierHaut1]]\n<<endif>>
Vous êtes place des Pavillons, dans le septième arrondissement de Lyon, et vous cherchez un endroit où vous asseoir pour apprendre votre texte de théâtre – vous jouez dans une représentation des <em>Chaises</em> de Ionesco, et apprenez le rôle de la Vieille dans la pièce. Nous sommes vendredi après-midi, et on vous a parlé d'une bibliothèque située sur la place : pourtant, vous ne voyez autour de vous que des pavillons de style Tony Garnier. Passant devant les deux premiers, qui abritent une salle d'entraînement à l'aïkido et un restaurant-kebab, c'est à votre grande surprise que vous découvrez la bibliothèque dans le troisième – vous la reconnaissez en apercevant à l'intérieur des étagères de livres. Sur la porte d'entrée, un panneau vous confirme que l'établissement est ouvert ; à gauche de la porte, une boîte aux lettres accueille les ouvrages rendus par les lecteurs. [[Vous poussez la porte|Entree]].
<<set $Chhaut2 = 1>>Bien vite, toutefois, un journal se déplie à la droite de votre livre. Puis un autre, à gauche, recouvre pendant quelques secondes une portion de texte, avant d'être retiré par un de vos voisins. Agacé, vous levez les yeux de votre pièce de théâtre.\nAutour de vous, les lecteurs de périodiques sont silencieux, se passant entre eux des journaux au fur et à mesure de leurs lectures, échangeant quelques répliques dans ces moments. Petit à petit, comme les chaises sur scène dans la pièce de Ionesco, les quotidiens envahissent tout l'espace de la table, se déplient, évoluent dans l'espace. Fasciné, vous vous attardez pendant quelques secondes sur la manière dont ce groupe de personnes âgées s'approprie peu à peu l'espace de la table. Les grandes tables ovales, immobiles, ont tendance à anonymiser les usagers, à favoriser les activités de lectures calmes et individuelles. Ce groupe parvient toutefois à se réapproprier les espaces de travail collectifs, à y imposer un usage – la lecture de journaux – qui pourrait être quotidien, qui pourrait s'imposer de manière régulière, chaque après-midi, entre retraités, quand la bibliothèque est moins fréquentée.\nLe groupe de retraités, en imposant ses propres usages, semble vous repousser hors de la table, vous qui essayez d'apprendre votre texte.\n<<set $Chaises = $Chaises + 1>>\n\n<<if $Chaises eq 4>><<display 'EndMessage'>>\n<<else>>Incapable de continuer à travailler, vous quittez votre place.\n[[À votre droite, un chemin se dessine vers les rayons de sciences humaines.|Chhaut1a]]\n[[À votre gauche, vous apercevez un escalier.|EscalierHaut1]]<<endif>>
Vous êtes en bas de l'escalier.\n[[Face à vous, vous voyez une table de travail entourée d'ouvrages de sciences.|Chbas1a]]\n[[Au fond à gauche, vous distinguez la section jeunesse.|Chbas2a]]\n[[Vous décidez de revenir au rez-de-chaussée.|EscalierHaut2]]
<<if $Chhaut1 neq 1>>Vous vous enfoncez dans les rayons dédiés aux sciences humaines. Longeant les étagères d'ouvrages de science-fiction qui y mènent, vous apercevez au bout de l'allée, engoncée entre deux étagères, et tournant le dos à un radiateur, un siège doté d'un dossier noir en tissu, de petite taille. Vous vous y glissez, et relisez les dernières lignes de votre texte.\nTrès vite, toutefois, vous sentez les arêtes du radiateur s'enfoncer dans votre dos. Des lecteurs, circulant entre les rayons, passent incessamment à la périphérie de votre regard, voire vous marchent sur les pieds, s'excusant la plupart du temps. Du lointain vous proviennent des discussions, de l'entrée en particulier. Tout cela vous incite à vous ramasser sur votre chaise, à vous recroqueviller sur votre lecture. Cette position est agréable, comme si le siège avait été conçu et disposé ici pour cela, pour se recroqueviller sur sa lecture, dans ce repli si caractéristique du rapport au livre, [[en choisissant d'ignorer l'environnement extérieur|Chhaut1b]].\n<<else>>Vous avez déjà essayé de vous asseoir ici pour travailler, mais impossible de vous concentrer.\n[[Vous revenez en arrière.|EscalierHaut1]]<<endif>>
Colin Sidre, DCB23
<<set $Chhaut1 = 1>>Vous avez toutefois du mal à faire abstraction du bruit ambiant. Apprenant votre texte, vous le répétez mentalement, et c'est alors inévitablement que vous entendez les discussions venant de la banque de prêt. Plusieurs voix émergent. D'une part, une femme discute des conditions de prêt de l'établissement, sans que vous puissiez clairement comprendre ce qu'elle souhaite. De l'autre, une bibliothécaire aide un groupe d'hommes à trouver, via Internet, des adresses de médecins habitant dans le quartier.\nDélaissant sans y prendre garde votre lecture, vous prêtez plus attention à ce qui se passe autour de vous. L'établissement semble concentrer de nombreux usages différents : des gens y viennent certes pour emprunter des ouvrages, ainsi que pour des renseignements techniques, mais également pour feuilleter des ouvrages sur place – comme cet homme debout à votre gauche, depuis quelques minutes, dans le rayon philosophie – ou pour différents services liés à la vie quotidienne. La chaise sur laquelle vous êtes assis – et vous vous en rendez compte à ce moment – vous invite à vous asseoir en retrait de l'établissement et de ses nombreuses activités, sans vous en couper pour autant. L'expérience est intéressante, mais vous vous rendez compte que vous n'avez pas appris une réplique depuis plusieurs minutes.\n<<set $Chaises = $Chaises + 1>>\n\n<<if $Chaises eq 4>><<display 'EndMessage'>>\n<<else>>Vous décidez de chercher une place plus adaptée pour travailler.\n[[Vous vous dirigez vers l'escalier en face de vous.|EscalierHaut1]]\n[[Vous allez sur la gauche, où se trouve la presse quotidienne.|Chhaut2a]]\n<<endif>>
Tout en quittant l'établissement, en repassant devant la banque de prêt, vous songez à cette journée. A-t-elle été si improductive ? Travaillant sur <em>Les chaises</em>, vous en avez techniquement aperçu de nombreuses, et avez été surpris de leurs usages multiples. Le mobilier, dans la bibliothèque, conditionne des usages. Selon qu'une table ou non soit présente, selon la taille de la chaise ou son confort, des publics différents sont attendus, du simple lecteur à l'étudiant révisant ses cours, en passant par l'enfant consultant des albums.\nNéanmoins, le mobilier disposé dans l'établissement ne suffit pas à imposer des usages au public. Les espaces sont réappropriés par les différents groupes, selon par ailleurs le jour ou l'heure, selon la fréquentation des lieux et les groupes sociaux y étant davantage représentés. Certains espaces, comme celui en bas des escaliers, sont majoritairement laissés à certains groupes, en l'occurrence les adolescents. Dans un espace extrêmement exigu, très restreint, au peu de mobilier et semblant a priori contraindre à des usages très stricts, [[les usagers parviennent à réinventer ces usages|Conclusion2]], en s'affranchissant de plusieurs règles que l'on pourrait considérer comme tacites au sein des bibliothèques, mais qui dans la réalité ne renvoient à aucun texte.